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Channel: C'est Entendu » 2010
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Murmuüre – Murmuüre

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Voici un disque que j'avais malheureusement raté lors de sa sortie en 2010 — en partie parce que le nombre de disques de metal encensés par les fans semble suffisant pour remplir trois étagères par mois (alors que j'écoute peu de metal), en partie aussi parce que "Murmuüre" était à l'origine sorti en format cassette uniquement (il faudra qu'on m'explique un jour ce qui fait l'attrait de ce médium ces dernières années). Un disque sorti de manière plutôt confidentielle donc, mais qui aura vite fait l'unanimité au sein des amateurs du genre… et quand je dis "amateurs du genre", il faut comprendre "genre" au sens large, car — c'est peut-être par ignorance de ma part, si c'est le cas éclairez-moi ! — je ne connais aucun groupe, aucun artiste qui fasse une musique vraiment comparable à celle de Murmuüre.

Si vous voulez vraiment classer cette musique quelque part, disons qu'il pourrait s'agir de black metal psychédélique et mystique… mais cette classification (déjà improbable) est terriblement réductrice. Pour moi qui n'ai vraiment découvert le black metal que récemment, ce genre ressemble à une matière sonore brute et noire à l'extrême, à côté de laquelle toutes les autres paraissent trop polies et trop tendres ; un genre intransigeant, souvent impénétrable aussi, mais qui possède une terrible puissance et peut receler de vraies beautés inattendues. La demi-heure de l'unique album de Murmuüre n'est que cela : une superbe pierre irisée que l'on extrairait de la roche noire, qui brillerait de mille éclats, de mille facettes, (mille genres musicaux et inspirations) et dont la noirceur brute de ses origines ne ferait qu'accentuer, par contraste, l'éclat.

Le disque se base sur une improvisation de guitare d'une heure, retravaillée, réécrite, taillée et raffinée pendant trois ans. Et cette musique n'a rien d'un murmure : c'est un jaillissement de lumière, une déferlement kaléidoscopique incroyable. Chaque piste semble présenter une myriade d'angles, de sons et d'interprétations différentes, qui se complètent et s'embellissent mutuellement, sans jamais sombrer dans le chaos ou même la surcharge.

Il y a du black metal au cœur de Murmuüre, mais pas seulement : on peut aussi y entendre de l'ambient, un passage de Carmina Burana joué par Ennio Morricone et des compositions au synthétiseur ; un célèbre disquaire (dont j'apprécie beaucoup les sélections, un peu moins les descriptions de disques) y a entendu des airs de Cocteau Twins, et un autre critique, refusant la classification de Murmuüre dans le black metal, identifie le disque comme de l'indus rituel et cite Coil comme influence prévalente. (Cette dernière critique m'aurait poussé à me jeter sur le disque illico si je ne l'avais pas déjà écouté : Coil reste à ce jour l'un des groupes que j'adule le plus, l'un de ceux qui savaient créer un univers ésotérique unique sans se soucier des genres et des tendances.) Il y a une différence majeure entre ces deux projets, cependant : Coil s'est vite éloigné de ses origines industrielles pour trouver sa propre esthétique, alors que Murmuüre fait entendre à la fois ses origines et son évolution, la roche noire et le diamant.

Le créateur de la musique a déjà annoncé que "Murmuüre" serait probablement le premier et dernier disque du projet, ce qui peut paraître terriblement dommage vu à quel point cet album est réussi ; en tout cas, c'est une raison de plus de vous jeter sur les derniers exemplaires du vinyle encore disponibles à l'heure où j'écris ces lignes (la cassette et le CD sont épuisés). Vous pouvez les trouver sur le site officiel de l'artiste. Ne passez pas à côté : je crois qu'on ne reverra pas un tel disque de sitôt !

— lamuya-zimina

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